Stupeur et tremblements, c’est la panique du côté des carnivores. Les voilà en proie à des sueurs froides devant leur assiette depuis que l’OMS a claironné haut et fort que leur préférence alimentaire les rongeait à petit feu.

Une campagne de plus qui nous incite à plonger dans l’orthorexie, cette maladie qui ne nous permet plus de manger que des aliments considérés comme ultra sains. Comment ne pas devenir des névrosés de l’alimentation dans un climat tel que celui-là? Il faut soit se ficher complètement des messages de santé publique aux dépens peut-être de sa santé, soit être un professionnel de la nutrition pour décoder et dédramatiser ces messages.

Car oui, cela fait bien longtemps que je sais que la charcuterie tue! Qu’elle est l’un des ennemis les plus dangereux de notre côlon (Depuis la parution du rapport du WCRF en 2007). Alors pourquoi ai-je sciemment continué à me délecter de pancetta, de viande des grisons, de jambons crus et de saucisses? Je ne suis pourtant pas suicidaire!

Tout simplement, car je sais décrypter les résultats de ces rapports, pour les intégrer dans les conseils alimentaires du quotidien. En effet, une consommation quotidienne de 100g de viande rouge est liée à une probable augmentation du risque de cancer colorectal de 17%. Le niveau de preuve scientifique pour établir cette affirmation est classé 2A, c’est à dire cause probable, car les études ayant servi à cette théorie sont des études d’observation, qui mettent en lien des habitudes de vie avec une pathologie. Mais lors de ces études, des biais ou d’autres influences extérieures n’ont pas pu être totalement écartés. Ce n’est donc pas une information issue d’une étude où l’on a administré de la charcuterie à plusieurs personnes et observé ce qu’il advenait de leur intestin (ce genre d’étude n’est pas réalisable en pratique).

Donc, pour voir son risque de cancer augmenter, il faut manger plus de 700g de viande rouge par semaine, soit à peu près 3 gros steaks ou entrecôtes, et cela toute sa vie durant. C’est faisable mais avouez-le, pas si courant que ça. Si vous vous contentez de manger de la viande rouge une fois par semaine, comme les diététiciens vous le suggèrent depuis déjà bien longtemps, pas de problème. Et si en plus de cela vous y associez de grandes quantités de légumes, votre intestin vous remerciera 😉

Qu’en est-il alors de la charcuterie? Ici le tableau est un peu moins rose, et cela à cause justement du fameux sel rose. Pas celui de l’Himalaya, mais bien le sel rose des bouchers charcutiers, repris sur les étiquettes sous le nom de sel nitrité. C’est lui qui serait mis en cause, entre autres, dans l’augmentation du risque de cancer de la charcuterie par rapport à la viande rouge. Ici le niveau de preuve avancé est celui du groupe 1, c’est du sérieux et la charcuterie rejoint ainsi les substances telles que l’alcool et le tabac. Encore une fois, on pourrait s’alarmer devant une telle dangerosité. Et ici encore, un professionnel avisé vous dira que cet effet cancérigène concerne les personnes qui consomment 50g de charcuterie quotidiennement, c’est à dire 350g par semaine, l’équivalent de 10 tranches de jambon ou 7 chipolatas, 2 boudins, etc. tout au long de la vie. Le scénario est plausible mais il est très facile de rester en dessous de cette dose en se limitant également à consommer la charcuterie occasionnellement et en quantité limitée.

Rien n’est poison et tout est poison! Comme toujours en diététique, tout est question d’équilibre et de modération. Gardez votre sang froid, un esprit critique et du bon sens. Et si vous avez d’autres interrogations, n’hésitez pas à contacter votre diététicienne préférée!